THE WEDDING PARTY
Le maire étant occupé, son adjoint était venu célébrer ce mariage que je redoutais depuis 1 mois déjà et auquel je ne pouvais échapper, la mariée étant de ma famille. Ça commençait gratiné, l’adjoint étant anglais, il écorchait allègrement tout ce qu’il lisait, la photo de Chirac sur le mur de cette mairie d’un bled paumé en Bretagne faisait les gros yeux.
Je m’isolais vite fait au bar tabac m’enquiller une bière pendant que les interminables photos des nouveaux époux se perpétuaient sur la place de l’église et là je croisais accoudé au zinc , celui qui allait animer notre soirée de belle façon : le photographe officiel , pote d’un autre membre de ma famille, appelé gracieusement pour ses soi-disant talents chromatiques.
Le gus persuadé d’être branchouille et de bosser pour Technikart, avait en fait une tronche de charcutier avec sa casquette de cave vissé sur la tête et un costard rayé de mafioso trouvé dans une fripe de le Mans.
Le con avait dit qu’il retrouverait les mariés sur la plage car la lumière est meilleure ( c’est un bon ,je vous le dit moi) . J’ai vite pigé qu’il était un peu alcoolo sur les bords. les 3 mousses ont duré une heure et 2 baby foot, la mariée se transformait en Miko sur la plage. Les photos sun&beach , n’ont pas eu lieu et il s’est fait copieusement avoiner par l’assemblée qui était scandalisé par son retard.

La soirée débute et je me glace d’effroi, une salle municipale et un orchestre nommé « illusions » vont nous tenir compagnie.
Ça apérote Vouvray dégueu et whisky Grant à deux balles, ça Chipster et cahouetes, ça entame le repas sur fruits de mers à fraîcheur douteuse. (on est en Bretagne et ils arrivent de Rungis, le traiteur est un bon lui aussi). L’orchestre anime , nous fait tourner les serviettes (sic) , nous balajo a fond , je suis placé en bout de table à 1 mètres de la sono, j’ai déjà plus de tympan droit.
Le photographe m’énerve , il prend tout le monde en gros plan, prend les mies de pains,les pétales des fleurs déjà fanées, attrape untel par le bras pour le placer bien , gigote sans cesse, éructe et sourit niaisement. Son portable sonne , on lui apprend qu’a 50 Km de là sa grand-mère rend son dernier souffle. Le père de la mariée sacrifie son entrée et l’emmène. Chouette , il se barre le naze, c’est marrant me dis-je, c’est le seul qui n’est pas beauf et finalement c’est le plus con de tous.
L’orchestre rock’n roll , paso dobles méchamment, je viens de perdre l’ouie droite à jamais.

Notre charcutier photographe revient la gueule enfarinée après avoir fait faire 100 bornes au père de la mariée et envoie tout de go à celui-ci que finalement il s’en fout ,sa vieille mère- grand il l’a pas vue depuis quinze ans alors… il échappe de justesse au taquet du père ( env 100 kg ) qui se retient par peur du scandale. Je jubile .
Dans son élan , notre con de service va récupérer une assiette de fruit de mer et se gratifie d’une bouteille de Bordeaux alors que tout le monde est encore au blanc, s’assoit face à mes beaux-parents et commence à faire son kakou en mangeant, sa casquette de plouc indéboulonnable sur sa caboche de mongol . Là ,j’ai envie de devenir Joe Pesci et de lui faire ravaler sa pince de crabe par le cul , je suis pas rital, mais putain il insulte la famille.
Je me désaltère abondamment au picrate et laisse pisser .
Le gâteau arrive sur un plateau à étage digne des chouilles d’Eddie Barclay sur fond d’Oxygène de Jean Michel Jarre, les mariés se roulent une galoche baveuse devant l’édifice éclairé par ces petits machins gris qui font pleins d’étincelles . mon sourire moqueur n’échappe à la sœur du marié qui me fusille du regard en me lance un débile « ça te fais chier de voir l’amour », j’ai envie de lui demander si elle a bu mais je me retiens (car elle boit) . pathétique.
L’orchestre réattaque avec « Roméo et Juliette », j’en peux plus … ma voisine de table , une lesbienne Parisienne alcoolique (encore une) est rendue à 3 grammes et danse devant la scène avec une balayette de chiotte couverte de merde (véridique !!) qu’elle a ramené entre deux vomis. Les portes des enfers viennent de s’ouvrir
le photographe casse les couilles de toute la populasse, déclare entre deux litrons qu’on l’appele « l’homme aux fleurs » dans son quartier ( celui de Le Mans ) et devient hystérique si on ose toucher son Leika . je suis cassé, j’ai même plus envie de l’envoyer chier , je sais que d’autres vont s’en charger.
Les quinquagénaires zicos organisent des jeux somptueux dans l’humour graveleux , une allemande avec une gueule d’échangiste se prend pour Shakira et se donne en spectacle dans une molle danse du ventre lascive, costume arabisant à l’appui, les mâles bavent et des braguettes se gonflent. Je craque , je rentre me coucher. J’ai de l’acouphène.
La suite s’est déroulée comme suit : le photographe ivre mort dans un jeu de chaises débile organisé par les bedonnants troubadours a vautré la lesbienne à la balayette de chiotte qui s’est éclaté la cheville est s’est retrouvé aux urgences de St Brieuc. Le mec toujours aussi frappé à continué à faire son cake arguant qu’elle faisait du cinéma et à du fuir la salle municipale à 5h du mat avant de se faire transformer en paté Henaff par nos fiers cousins Bretons.

J’en ris encore mais je me demande si je vais récupérer mon oreille droite.

 
¶ Alan Smithee 23:36** Ajoute du poil: 0