SOUS VOS APPLAUDISSEMENTS (suite)
Un après midi d’août alors que je devais prévenir les autres locataires que mon plombier allait couper l’eau dans l’immeuble, je suis tombé sur un ouvrier dans l’appart du dessus qui m’a appris que celui-ci allait être complètement détruit pour être refait mais que cela prendrait peu de temps car les proprios allaient emménager fin août.
Bien cool me suis-je dis, nous partons dans quelques jours en vacances jusqu'à fin août, les coups de masse et les perceuses se passeront de nous.
Retour début septembre et constatation évidente que les travaux du dessus sont loin d’être finis, coups dans les murs , perceuse ,grattage de plancher résonnant dans tout notre appart etc… inutile d’espérer passer une journée tranquille chez soi, on a l’impression d’être au milieu d’un champ de bataille. Après tout ce ne sont que des travaux, ça ne devrait pas durer.
La rentrée ayant eu lieu et les autres habitants de l’immeuble ayant tous repris leurs quartiers, nous découvrons rapidement que l’isolation phonique de l’immeuble laisse méchamment à désirer car chaque jour amène son nouveau bruit.
Nous découvrons aussi que le mur à notre tête de lit et mitoyen avec nos voisins de palier n’est pas plus épais qu’une plume de cacatoès car nous profitons rapidement de leur vie, leurs pas, leur paroles…bref on entend tout ; cependant il s’agit d’un couple plutôt pépère ce qui dans ces conditions vaut mieux qu’un adepte nocturne de Metallica.
Les jours se suivent et les travaux du dessus n’en finissent pas, ne nous laissant aucun répit de 8h du mat jusqu'à 8h du soir ; voire parfois 23h00 ce qui commence sérieusement à nous taper sur les nerfs. Les coups répétitifs dans des murs agissent sur le moral comme un supplice chinois. Les travaux du dessus se poursuivent aussi le week end, nous réveillant le samedi matin vers 9 heures et se poursuivant sans relâche jusqu’au dimanche 20heures, autant dire que nous passons des week end reposants.
Puis un soir à 23h30 en semaine alors que nous commencions à nous empaffer lamentablement , un bordel dingue surgit sur le palier m’obligeant à sortir en calbar voir ce qui se passe. Je tombe sur un jeune kéké avec une télé dans les bras ; ce sont nos nouveaux voisins de paliers, 2 étudiants, qui ont choisi une heure sympa pour effectuer leur emménagement à la place du jeune couple discret envolé. Du haut de mes 34 ans, je fais le vieux con ( c'est pas bon de réveiller Mr Smithee) en leur faisant remarquer que l’heure n’est pas tip top pour faire un déménagement dans un immeuble et que j’ai un môme qui pionce, alors doucement les mecs si vous voulez qu’on s’entende à l’avenir. Non mais ho, faut les mettre au pas direct, sinon c’est l’anarchie !
Bien me dis-je, deux étudiants à notre tête de lit, ça va pas être cadeau lors des rentrées de tonus raide bourrés en semaine, ça nous promet de belles nuits ça.
Non, non , ne dites pas hé ho, tout le monde sait très bien que l’étudiant étrenne toujours son 1er appart pendant un an à grands coups de potes bourrés qui vomissent partout la zique à fond en pleine semaine faisant un break juste pendant les partielles ; et encore.
Nous passons donc septembre dans les bruits perpétuels de travaux et notre moral s’effrite au fur et à mesure des jours car nous constatons que nous n’avons pas acheté un appart mais une toile de tente tellement l’isolation phonique de l’immeuble (pourtant début du siècle) est perrave. Pour vous donner une idée, nous avons l’impression d’être dans l’allée centrale du camping, celle où vous êtes réveillés dès 6 heures par les bruits des claquettes de ceux qui vont aux chiottes et des cliquetis métalliques des mémères qui vont faire leur vaisselle dès l’aube.
Aujourd’hui mi octobre, nos journées sont rythmées comme suit : nous rentrons du boulot avec l’envie de se poser mais impossible car du dessus proviennent bruits de travaux ou de meubles déplacés et talons sur parquet flottant provoquant un bruit du diable dans notre appart par un effet mystérieux de résonance dans ces putains de briques de merde utilisées en 1930 par un architecte peu concerné par les conductions sonores des matériaux, puis lorsque le dessus se calme, c’est le à coté qui démarre avec sonneries de portables, musique , palabres bien fortes etc… notre gamin est réveillé le soir et nous sommes parfois obligés d’aller voir les voisins ( et ça , putain , je déteste !!!) pour leur expliquer la gène qu’ils nous occasionnent et pourtant je suis pas le genre flic de palier, je suis plutôt tendance à être le fauteur de trouble.
Nous vivons sous le joug du : « bon, à quoi allons-nous avoir le droit ce soir ? ». Cette impossibilité d’obtenir du calme et du repos et de vivre sur le « qui vive » use les nerfs, le moral, coupe l’appétit et nique le sommeil (ceux qui ont eu un enfant connaissent cet état souvent ressenti lors des tout premiers mois).
Bref, notre paradis du mois de juillet s’est transformé en enfer l’automne venu…
……………………du coup notre appart est à vendre.